Et si votre enfant n’entendait pas bien?

Un enfant c’est toujours un merveilleux cadeau du ciel ! Sa venue au monde transforme immédiatement celle de ses parents. Dès les premiers instants de la vie, on l’observe, on le scrute, on compte les doigts des mains, les orteils, les membres, on regarde le ventre, le dos, les organes génitaux, à la recherche d’une anomalie. Puis on passe aux sens, est ce qu’il voit ? Est ce qu’il entend ? Et on attend avec impatience la visite du pédiatre pour lui poser toutes ces questions.

Et si votre enfant n’entendait pas bien, comment le savoir et que faut-il faire ?

Pour les enfants les troubles de l’audition sont différents selon l’âge. La réaction et les signes qui interpellent  vont dépendre du degré de la déficience, et il est bien évident que plus la déficience est légère plus elle sera difficile à déceler.

Pour savoir si son enfant entend bien ou pas, on va être orienté par trois groupes de signes. Les premiers concernent l’absence de réactions normales au monde sonore. Un enfant qui ne réagit pas à une porte qui claque très fort, un enfant qui dort, alors qu’a côté il y a un vacarme épouvantable, un enfant qui ne sursaute pas quand un objet tombe en faisant du bruit, ou un enfant qui ne s’intéresse pas aux jouets sonores, doit nous interpeller. Les jeunes couples peuvent penser que leur enfant est sage, et ne pas s’inquiéter. (Mais attention tous les enfants sages ne sont pas suspects de surdité).

Un deuxième groupe de signes, est en rapport avec l’apparition de  la parole. A l’âge de 3-4 mois, doit exister un babillage assez riche chez tout enfant. S’il n’existe pas c’est qu’il y a un retard de « parole ».

A 1 an l’enfant doit commencer à prononcer quelques mots : papa-maman, il va par la suite enrichir son vocabulaire petit à petit, et vers 2 ans il va associer des mots pour faire des phrases.

A 3 ans il devrait parler correctement.

Un enfant qui fait répéter tout ce qu’on lui dit, qui augmente le son de la radio, de la télé, et qui ne répond pas quand on l’appelle doit attirer l’attention sur une déficience auditive.

Quand l’enfant est en âge préscolaire, toutes les anomalies de la voix, de la parole et du langage peuvent être dus à une déficience auditive : Il n’arrive pas à prononcer certains phonèmes, comme les « s » et les « z », ou certaines syllabes, les phrases sont mal construites, du point de vue  lexical et syntaxique. La voix aussi peut être anormale, sans aucune tonalité. Tous ces signes doivent nous pousser à évaluer l’audition.

En âge scolaire, quand un enfant est en difficulté il faut penser aux troubles de l’audition. Bien entendu tous les enfants en difficultés scolaires ne présentent pas de déficiences auditives.

Le troisième groupes de signes concerne les troubles du comportement : certains enfants deviennent irritables, agressifs, d’autres deviennent distraits, renfermés. Il faut vérifier l’acuité auditive.

Dans quels cas s’inquiéter ?

Chaque fois qu’on a un de ces éléments il faudrait consulter un spécialiste, parce que de l’âge de la prise en charge de la déficience auditive, dépend  le pronostic. Ce délai de prise en charge est une notion capitale.

Devant certaines circonstances, comme un traumatisme, certaines maladies comme une méningite, ou la prise de médicaments ototoxiques mais qu’on a du administrer pour sauver la vie, on doit évaluer l’audition.

Quelles sont les conséquences sur le développement de l’enfant et sur son éveil ?

Dans un premier temps, sur le développement et l’apprentissage du langage, de la communication orale. Toujours selon le degré, si la baisse auditive n’est pas prise en charge à temps, et convenablement, des conséquences sur le développement et l’apprentissage du langage orale et donc la communication orale, retentissement sur la scolarité, la formation,, sur la vie sociale. Mais heureusement actuellement il y a des moyens, la médecine offre  des possibilités de réhabilitation de ces déficiences auditives qui peuvent aller  du traitement médical, pour les otites, par exemple qui est la première cause de surdité chez les enfants et qui donc régressent après la prise de médicament, jusqu’au traitement chirurgical en passant par l’appareillage auditif sous toutes ses formes.

Où en sommes nous en Tunisie quant à la prise en charge des déficiences auditives ?

On a la possibilité d’avoir tous les moyens de ce qui se fait dans le monde, la possibilité de faire le traitement médical, l’appareillage, l’implant. La prise en charge des déficiences auditives avec rééducation ortophonique et auditives, dans le secteur public, dans le secteur privé, les associations.

Les résultats vont dépendre du degré de la surdité, de l’âge de la prise en charge, de l’état de l’enfant, du contexte familiale. Dans un grand nombre de cas, on peut limiter au maximum les conséquences des déficiences auditives et espérer aider l’enfant à acquérir une communication orale la plus proche de la normale, donc une scolarité satisfaisante.

Le contexte familial n’a rien de socioéconomique, c’est la motivation et l’implication des parents

Quel doit être le rôle des parents ?

On comprend que les parents qui découvrent que leur enfant a une déficience auditive soient dans un état psychologique particulier, mais c’est de leur implication dans la prise en charge que va dépendre le pronostic. La prise en charge va être de longue haleine, et les enfants ayant un trouble de l’audition, vont avoir un besoin d’un soutien plus important que les enfants normo entendants. C’est le rôle du médecin d’accompagner les parents, de les informer sur l’évolution espérée. Il faut dédramatiser, déculpabiliser et responsabiliser.

La télé retarde le langage du bébé

Certains DVD et vidéos sont explicitement conseillés aux parents dans le but d’augmenter l’apprentissage du langage chez leurs enfants. Il s’agit notamment de supports comme « Baby Einstein » ou « Baby Mozart ». Mais deux chercheurs de l’Université de Seattle, aux USA, ont montré que non seulement ces productions n’accroissent pas la capacité linguistique des enfants qui les regardent, mais qu’elles ralentissent au contraire les enfants de 8 à 16 mois dans leurs apprentissages.

Cette recherche a consisté à mettre en place des interviews avec des parents d’enfants âgés de 8 mois à 16 mois, en les invitant à relever les mots utilisés habituellement par ceux-ci dans une liste de quatre-vingt dix. Cette liste incluait par exemple des mots comme « mamy » ou « nez ». Les parents d’enfants âgés de 17 à 24 mois furent sollicités de la même façon pour un nombre de mots plus importants. Dans ce second groupe d’âge, les mots typiques étaient par exemple « ballon », « camion » ou « gâteau ».

Le résultat est que pour chaque heure par jour pendant laquelle un bébé regarde des DVD ou des vidéos, ses apprentissages en vocabulaire diminuent de six à huit mots par rapport aux enfants qui ne regardent pas ces programmes. Bref, non seulement il n’y a pas d’avantages évidents à mettre un bébé devant la télé, mais il y aurait même plutôt danger…

Serge Tisseron : Psychiatre, psychanalyste et Directeur de recherches à l’Université Paris X

Dr Samira Rekik

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