Bébé secoué : un tabou grave et fréquent

Chaque année, plusieurs centaines d’enfants en sont victimes, en majorité des nourrissons de moins de un an, le plus souvent de moins de 6 mois, et de sexe masculin. Le caractère précoce et répétitif de cette maltraitance en fait la gravité. Elle est responsable de lésions cérébrales graves et parfois fatales. Elle est le plus souvent provoquée par l’exaspération ou l’épuisement des adultes face à des pleurs qu’ils ne supportent plus.

 Le bébé secoué est à considérer comme un traumatisé crânien grave et  tout cas suspect de SBS doit amener les professionnels de santé à  hospitaliser l’enfant en soins intensifs pédiatriques, avec avis neurochirurgical.

Le signalement est une obligation légale, s’imposant à tout citoyen au titre de l’assistance à personne en danger. Le professionnel doit toujours avoir à l’esprit la possibilité d’une maltraitance, quel que soit le milieu social de la victime potentielle, le bébé secoué reste un tabou dans tous les milieux.

Syndrome du bébé secoué (SBS): Tout ce qu’il faut savoir

Le syndrome du bébé secoué survient lorsqu’un nourrisson ou un jeune enfant tenu par le tronc, les épaules ou les extrémités est secoué violemment. Toute personne témoin de ce geste sait qu’il peut être dangereux pour le bébé : le bébé est fragile.

La tête du bébé ballotte dans tous les sens, ce qui fait saigner et enfler son cerveau. Des cellules sont endommagées et ne guériront jamais. Un bébé secoué sur cinq décède.

Le responsable est le plus souvent un membre de la famille ou une personne qui en a la garde. Les jeunes enfants victimes du syndrome du bébé secoué sont issus de tous les groupes socio-économiques et de toutes les cultures.

Symptômes

Après avoir été secoué, le bébé peut :

  • devenir irritable
  • être somnolent
  • vomir
  • avoir de la difficulté à respirer
  • trembler ou
  • avoir des convulsions.

 

Tout peut être invisible…

Le plus souvent, les blessures se trouvent à l’intérieur du cerveau et de la tête et ne se voient pas à l’œil nu. Ainsi, l’incidence du syndrome du bébé secoué est sous-estimée en raison de la difficulté de son dépistage.

En effet, les symptômes qu’il provoque ne lui sont pas exclusifs. Les signes et symptômes du SBS peuvent passer inaperçus ou être confondus avec d’autres problèmes de santé comme une chute mineure, des régurgitations, des pleurs ou de l’irritabilité. Habituellement, le bébé secoué ne présente pas de fièvre ou de diarrhée.

Le nombre de cas de syndrome du bébé secoué est  difficile à établir  car à l’hôpital on  voit uniquement les cas de SBS les plus graves qui ont nécessité des soins d’urgence et une hospitalisation.

Une étude internationale  démontre que le geste de secouer un bébé ou un enfant de moins de 2 ans serait beaucoup plus fréquent et se produirait dans 5 % des familles.

De graves conséquences

  1. Pour l’enfant secoué

Les secousses violentes produisent des dommages importants au cerveau :

  • des hémorragies intracrâniennes (saignement à l’intérieur de la tête, autour du cerveau)
  • des hémorragies rétiniennes (saignement à l’intérieur de l’œil)
  • de l’œdème cérébral (enflure du cerveau) et des dommages aux cellules nerveuses du cerveau

Ces lésions peuvent être associées à d’autres signes de traumatismes comme :

  • des fractures de côtes ou de l’extrémité des os longs (bras, jambes)
  • des fractures du crâne
  • des ecchymoses (bleus) sur la tête ou le corps
SOUVENEZ-VOUS !

Le plus souvent, rien n’est visible

Les deux tiers des enfants qui survivent au syndrome du bébé secoué présentent des séquelles permanentes telles que :

  • la paralysie (hémiparésie, hémiplégie, quadriplégie)
  • la cécité
  • l’épilepsie
  • des troubles de l’alimentation
  • des troubles du sommeil
  • des retards de développement (motricité, langage)
  • des déficits cognitifs

Plus récemment, il a été démontré que l’enfant qui ne semble présenter aucune de ces séquelles peut tout de même, à long terme, se révéler atteint de troubles d’apprentissage et de socialisation.

Ces conséquences désastreuses expliquent que les petits qui sont victimes du syndrome du bébé secoué requièrent, dans plus de 40 % des cas, l’intervention ponctuelle ou suivie de plusieurs spécialistes (neurologue, neurochirurgien, ophtalmologiste) et d’une équipe de soutien en réadaptation (ergothérapeute, physiothérapeute, travailleur social, etc.), parfois durant le reste de leur vie.

  1. Pour la famille

La famille est toujours fortement ébranlée. Cet événement de violence est inattendu et surprend souvent tous ceux qui gravitent autour de l’enfant. Parfois, certaines personnes (conjoint-conjointe) vivant sous le même toit sont incapables d’accepter la réalité même devant les faits et l’apparition de symptômes chez l’enfant.

Dans ces situations, les partenaires, les conjoints, les parents ou encore l’éducatrice ou le gardien (la gardienne) sont souvent rongés par la culpabilité, car ils ont laissé leur enfant sous la garde de cette personne. Ils sont les deuxièmes victimes.

Le bébé est fragile

Les bébés et les jeunes enfants sont fragiles. Leur cerveau se développe, il est fragile et peut être endommagé plus facilement. Le nourrisson est plus sensible aux secousses, car le poids de sa tête par rapport à son corps est proportionnellement plus élevé que chez l’adulte. Les muscles de son cou ne peuvent résister à une extension extrême comme celle qui se produit lors des secousses.

De plus, à ce stade du développement, le cerveau flotte en quelque sorte dans la boite crânienne et la matière cérébrale est moins dense et plus friable, ce qui la rend plus sensible à la distorsion lors de mouvements brusques. Il faut savoir que les cellules endommagées du cerveau ne se régénèrent pas.

Comment arrive-t-on à secouer un bébé ?

Les pleurs excessifs et persistants du nourrisson sont le principal élément déclencheur du syndrome du bébé secoué. La personne qui en a la charge n’arrive pas à le consoler et traverse plusieurs états émotifs. Devant les pleurs persistants, elle se questionne, éprouve de l’impuissance, puis de l’irritation.

La colère monte et peut entraîner une perte de contrôle qui dégénère en violence. Cette colère est souvent l’expression d’un profond désarroi devant les nouvelles responsabilités parentales et le changement de vie qui en découle.

Tout le monde est à risque

Cet acte de violence peut se produire dans des familles qui ne présentent aucun risque apparent. Cependant, certaines situations peuvent rendre une personne plus vulnérable :

  • la fatigue
  • le manque de sommeil
  • des difficultés avec l’entourage ou dans le couple
  • l’arrivée du bébé a changé ma vie mais pas comme prévu
  • la prise de médicaments, la consommation d’alcool ou de drogues
  • des soucis ou des difficultés financières
  • mon bébé me semble un fardeau, mon bébé a un problème de santé
  • mon bébé pleure… trop longtemps
  • rien de tout cela mais je n’en peux plus !

Africaine-santé

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