Virus Ebola : de retour en Afrique, symptômes, contamination…
Le virus Ebola est de retour en Afrique. Le Congo annonce faire face à sa 11e épidémie de virus Ebola depuis 1976. Comment se fait la contamination ? Quels sont les traitements ? Quels risques ? Le point sur ce virus avec le Dr Jean-Charles Nied, qui était médecin coordinateur de la Croix rouge française en Guinée, lors de cette vague épidémique.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) annonce une onzième épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), lundi 1er juin. Le foyer a été identifié près de la ville de Mbandaka, la capitale de la province de l’Équateur. Il s’ajoute à l’épidémie toujours en cours dans l’Est. « Le Ministère de la santé de la RDC a identifié 6 cas, dont 4 personnes décédées » a rapporté le Directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur Twitter. Le Dr. Tedros a confirmé que l’OMS soutiendrait la RDC pour lutter contre ce nouveau foyer d’Ebola alors que le plus grand pays d’Afrique subsaharienne doit également faire face à la pandémie de Covid-19 ainsi qu’à la plus grande épidémie de rougeole au monde.
« Le virus Ebola appartient à la famille des filovirus, à ARN simple, à l’apparence filamenteuse caractéristique » explique le Dr Nied. C’est l’une des quatre familles de virus responsables de fièvres hémorragiques. La fièvre hémorragique à virus Ebola est l’une des plus virulentes puisque le décès survient en une quinzaine de jours pour la majorité des cas soit 50 à 90% des malades.
Le virus Ebola a été Identifié en 1976 dans un village du Congo, « les médecins intervenants avaient été étonnés de voir plusieurs décès suite à un épisode fébrile dans un syndrome hémorragique digestif. Ils ont réussi à individualiser ce virus qu’ils ont nommé Ebola du nom d’une petite rivière proche du village concerné, au Congo » explique le Dr Nied. La guerre, les flux commerciaux et la transhumance ont ensuite contribué à l’extension du virus sur les pays alentours. Les chauves-souris sont vraisemblablement les premiers hôtes naturels du virus. « Ces petites roussettes infectées par le virus vivaient dans des régions forestières non investies par l’homme. Leurs déjections, tombées sur les végétaux, ont contaminé à leur tour d’autres espèces animale (singes, antilopes), consommées par les locaux. Or là-bas, la viande est saisie à des températures inférieures à 70 degrés, ce qui ne permet pas de tuer le virus » explique le Dr Nied.
Les épidémies par Ebola sont la conséquence d’une transmission secondaire interhumaine. Tous les fluides corporels sont contaminants : salive, sueur, déjections, urines, fluides sexuels. « En Afrique, les épidémies sont très virulentes du fait de la promiscuité sociale très forte : maisons sans chambre individuelle, repas partagés dans un plat unique, habitat familial très concentré. Dès lors qu’une personne est touchée, elle rayonne de virus et contamine très rapidement les personnes de l’entourage« . Les rites funéraires locales ont largement contribué à la propagation de la maladie. Le corps est en contact direct avec les proches du défunt, augmentant fortement les risques de transmission
Les premiers symptômes ressemblent à des symptômes grippaux : fièvre importante (39/40°), grande fatigue, faiblesse intense, douleurs musculaires, maux de tête… « Puis, au bout de 4 à 5 jours, surviennent les symptômes spécifiques :
- Diarrhées profuses,
- Éruptions cutanées » détaille le médecin.
- Atteintes rénale et/ou hépatiques
- Hémorragie conjonctivale, buccale et/ou digestive
La période d’incubation peut aller de 2 à 21 jours, mais est en moyenne d’une huitaine de jours.
Les diarrhées profuses et les hémorragies peuvent provoquer une grande déshydratation, une insuffisance rénale, des troubles neurologiques, une démence et dans 50 à 90 % des cas, la mort au 8 ou 9e jour. « Pour les personnes qui survivent, les complications peuvent être nombreuses : des douleurs séquellaires rhumatismales, des douleurs ophtalmiques avec une perte de vision, des complications rénales (insuffisances), des complication neuropsychiatriques (semi paralysie) et des troubles psychiatriques liés au fait qu’ils ont porté la mort » précise le Dr Niel.
Le diagnostic de l’infection à Ebola peut se faire à l’aide d’examens sanguins (sérologie) ou de prélèvements buccaux. En Afrique en période d’endémie, la détection du virus grâce aux examens est bien entendu beaucoup plus difficile par manque de laboratoires performants.
« Lorsqu’une personne est diagnostiquée, le premier objectif est de lui faire franchir la période aiguë de l’infection. Il n’existe actuellement pas de traitement efficace contre le virus, il s’agit donc de traiter les symptômes » explique le Dr Nied. Réhydratation, antibiothérapie, antipyrétique, réhydratation, réamorcer la fonction rénale, collyre, pommade hydratante, paracétamol sont alors administrés en fonctions des symptômes. « Il est aussi essentiel de rétablir le taux de potassium, dont le déséquilibre provoqué par la déshydratation peut provoquer des troubles cardiaques allant jusqu’à la mort. » précise le médecin. L’Isolement de la personne est indispensable, idéalement dans une chambre à pression négative.
Un vaccin a été trouvé par des laboratoires américains et japonais, avec des premiers essais vaccinaux en 2015/2016. Ce vaccin a eu son Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) en novembre 2019.
« On commence déjà par déconseiller le tourisme dans certaines régions plus sensibles. » Puis, pour les personnes exposées à des zones de contagion, il existe de nombreux gestes barrières :
- Se laver très régulièrement les mains à l’eau et au savon,
- Éviter absolument tout contact avec des personnes infectées
- Ne pas se toucher les yeux et la bouche, deux portes d’entrée du virus.
Continuer à rester très prudent jusqu’à 7 semaines après guérisons, durant lesquelles le malade peut rester contagieux. Il est également essentiel de bien cuire la viande, de façon prolongée et à des températures supérieures à 70°, afin de tuer le virus.
La plus importante épidémie Ebola a débuté en Guinée en décembre 2013, pour s’étendre progressivement au Libéria et à la Sierra Léone. On dénombrera également une vingtaine de cas et 8 décès au Nigeria, 8 cas et 6 décès au Mali, 4 cas et un décès aux États-Unis, et enfin un cas guéri au Sénégal, en Espagne, au Royaume-Uni et en Italie. C’est la première fois que ce virus circule hors du continent africain. Le bilan officiel de l’OMS est de 28 mille cas pour 11 mille décès et plus de 10 mille survivants avec séquelles. Mais il semblerait que ce bilan ait été sous-évalué et que le nombre de décès soit plutôt de l’ordre de 20 mille.
Merci au Dr Jean-Charles Nied, qui était médecin coordinateur de la Croix rouge française en Guinée, lors de cette vague épidémique.
Source:https://sante.journaldesfemmes.fr/