Education: pour ou contre le concept de l’enfant Roi?


La personnalité de l’Homme commence dès l’enfance. On le sait tous. Mais face à un enfant de trois ans qui choisit ses vêtements, choisit son goûter et même sa sortie, les parents ont du mal à accepter cette situation et se culpabilisent, peut être sommes nous très permissifs se disent –ils. Ailleurs cette éducation est mise en valeur. C’est ce qu’on appelle l’approche de l’enfant Roi.

Aux USA, quand les enseignants évaluent la copie d’un élève, ils utilisent un stylo vert et soulignent tout ce qui est juste. L’enfant est roi, on le met en valeur, on lui donne confiance en soi et plus il est sûr de lui plus il donnera plus il sera créatif. Avant seuls les enfants très intelligents arrivent à réussir en vainquant tous les obstacles. Avec cette nouvelle approche de l’éducation on donne sa chance à tout enfant. Aux Etats Unis chaque enfant est Roi, même si les parents en ont dix.

Qu’est ce qui a changé dans l’éducation des enfants aujourd’hui ?

Jadis l’obéissance était la valeur sacrée de l’éducation des enfants. Depuis les années 60, avec les études et les recherches sur la psychologie de l’enfant et la vulgarisation de la psychanalyse (grâce en particulier à Françoise Dolto), une autre approche de l’éducation est apparue. L’enfant doit s’exprimer sur tout et sans tabou. Actuellement on pense que plus l’enfant est épanoui, plus il est bien dans sa peau plus il sera productif. Autrefois parler de sexualité avec un enfant par exemple était considéré comme une très grande permissivité.

Sa majesté le Bébé :  pour ou contre cette éducation à l’ancienne ?

Il faut donner à l’enfant l’occasion de s’exprimer, cela favorise l’éveil. C’est vrai que c’est une grande révolution par rapport à l’ancienne éducation.

Au début de la vie tout est intriqué, le mental, le physiologique, l’affectif. Comme  enfant à besoin d’une ration alimentaire, il a aussi besoin d’une ration affective. Un enfant bien rassasié affectivement, va s’intéresser à ce qui se passe autour de lui, à son environnement, il va l’explorer, et c’est déjà l’éveil. Par contre s’il lui manque cette dose d’affection, il est insatisfait, il est anxieux et va chercher dans son environnement uniquement ce dont il a besoin, ce qui lui manque, pour être rassuré. Donc l’éveil c’est d’abord être bien dans sa peau.

Avant quand un enfant pleure, on le laisse pleurer il va se calmer disait-on. Maintenant les études récentes ont montré qu’il faut peut être mieux répondre à sa demande. L’enfant n’a pas besoin uniquement d’être propre, bien nourri, il a besoin d’être câliné, cajolé. On ne le limite pas à ses besoins de nourriture et de propreté. Au départ il est important que l’enfant ressente la continuité avec le milieu in utero.  Il est très important de respecter ce milieu. Puis petit à petit on va écouter ce que veut le bébé, « Sa Majesté le Bébé ». Un enfant qui pleure parce qu’il a faim, quand on lui donne le biberon, il apprécie ce plaisir. On ne va pas lui donner le biberon à midi alors qu’il ne l’a pas réclamé (et surtout pas le réveiller pour l’alimenter). Sa majesté le bébé doit reconnaître ses besoins. Quand il est nourri au sein, il faut le laisser téter tant qu’il en a envie, et ne pas  se dire « ça y est ça fait un quart d’heure qu’il tête il en a assez ». L’enfant doit ressentir le besoin, apprécier le plaisir d’avoir été assouvi.  Dans la notion de sa majesté le Bébé, il y a cette vérité que les besoins affectifs font parties des besoins essentiels à son développement. le but des pédopsychiatre c’est que l’enfant soit équilibré, épanoui, bien dans sa peau, dans son environnement, qu’il existe pour lui-même, pas pour avoir par exemple de bons résultats scolaires et faire la fierté des parents, ça, ça viendra par la suite si on encourage l’éveil de l’enfant. J’ai dit l’éveil et pas la   sur-stimulation comme le font souvent des parents en faisant apprendre l’alphabet ou à compter à leurs enfants alors que le langage n’est pas encore acquis. Il est vrai que les japonais ont cette approche en voulant stimuler le côté « ordinateur » du cerveau.

Seront-ils des adultes heureux ?

ils ont le taux de suicides le plus élevés chez les jeunes adultes,  c’est peut être le résultat.

Alors que quand on joue avec un enfant, quand on lui montre son affection, il sera heureux et éveillé.

Chez un enfant on doit aussi privilégier aussi les relations « interactives » avec une ou deux personnes, pas plus, ce n’est pas conseillé. Les parents bien entendu sont les personnes idéales pour avoir ce genre de rapport avec l’enfant.

Parfois le bébé pleure, et on ne sait pas quoi faire ?

L’enfant exprime ses besoins certes, mais il exprime aussi sa « colère ».  Pour le bébé la communication non verbale est très importante. Il ressent  ce besoin d’interactivité sensorielle, comportementale, affective. Il en réclame de ces instants d’affection plusieurs fois par jour, qu’il mémorise par la suite. Il veut qu’on le porte dans les bras, parce que c’est un moment de plaisir pour lui.

Pour les mamans qui travaillent, comment donner ces moments d’interactivité ?

Elles doivent le faire plusieurs fois par jour, pendant un petit quart d’heure à chaque fois, car il n’y a pas que les besoins physiologiques

L’enfant Roi : est-ce être dépendant des « caprices de l’enfant », jusqu’à en faire un enfant gâté pourri ?

Non ce n’est pas du tout sous cet angle qu’on voit les choses.

Actuellement il y a toute une génération de pédopsychiatres qui ont une autre vision de l’éducation, qui est très appréciée par les spécialistes du développement de l’enfant. C’est celle du respect de l’enfant. L’enfant fut-il encore bébé a des droits. Exemple, embrasser un bébé est un non respect des droits de ce bébé peut être qu’il ne veut pas, surtout quand il s’agit d’invités. Il y a aussi le respect du niveau de développement de l’enfant, et non de l’âge, savoir ou en est-il globalement. Est-ce que son hyperactivité est normale par rapport à son développement ou est elle pathologique ? C’est une approche capitale dans le diagnostic. Ce qui ne sont pas des spécialistes du développement de l’enfant, ne jugent que le comportement de l’enfant ou font des comparaisons avec d’autres enfants. C’est aberrant. L’enfant Roi c’est celui qui a sa place donne son environnement. Il donne son avis, il propose, on l’écoute, on tient compte de ce qu’il pense, il participe à la prise de décisions au sein de son environnement tout en étant très petit. Un exemple, quand un parent veut déménager pour des raisons de travail, il demande à son enfant de trois ans ce qu’il en pense. « Veux-tu aller vivre dans telle ville, changer d’amis ? ». L’avis de l’enfant est très important pour la prise de décision. Et ce n’est pas du Tockenisme.  Les notions de droit et de justice  seront bien ancrées dans les têtes de ces enfants Roi.  L’enfant Roi ce n’est pas comme vous dites l’enfant gâté pourri, c’est l’enfant partenaire actif à part entière, qui sait s’exprimer parce qu’il a ce droit à l’expression, avec la dimension plaisir. Quand j’exerce mon droit c’est un plaisir. Quand je respecte le droit des autres c’est aussi un plaisir.

Mais alors quand mettre des limites ?

Plus l’enfant avance dans l’âge plus les limites doivent se mettre en place. Puis petit à petit on instaure les limites. Pourquoi ? Pour le protéger. L’enfant peut comprendre cela. On le lui explique, et  par ailleurs on lui apprend à se comporter comme le reste de la famille. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage par reproduction d’une situation. Je m’explique : à table tout le monde mange seul en se tenant correctement. Il va vouloir faire comme le reste de la famille parce qu’il trouve sa place dans cette situation il est comme les autres membres de sa famille, il a une place à table il a son assiette, ça lui plait, donc il va manger tout seul.

Faut- il avoir recours aux punitions quand l’enfant n’est pas obéissant ?

D’abord le châtiment corporel est à proscrire de l’éducation des enfants, il ne faut pas de comportementalisme avec les enfants. Quand on explique à l’enfant sa faute il comprend, il est plus intelligent qu’on ne le croit. L’expérience a montré que les enfants battus ne deviennent pas plus obéissants. Plus l’enfant est jeune plus la punition doit être proche dans le temps pour qu’il puisse l’associer à la faute, car la notion de temps n’est pas encore bien établie. Et comme une punition est toujours ressentie comme une frustration, il faut donner une  explication à l’enfant.

Que faire quand un enfant est agressif ?

L’agressivité est un moyen d’expression privilégié des enfants. Ce n’est pas pathologique, mais c’est aux parents, et à tout l’environnement de canaliser cette énergie, afin qu’elle se socialise, et de gérer les pulsions des enfants.

Dr Samira Rekik

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