Les Tunisiennes face au Cancer: des chiffres inquiétants
Les derniers chiffres sur le cancer, présentés par le ministère de la santé, ont montré les femmes sont fortement exposées à cette maladie et que la prévention reste le meilleur moyen pour éliminer du moins réduire ce fléau.
On estime que chaque année, 5400 nouveaux cas de cancer viennent s’ajouter au nombre déjà grand de femmes porteuses de cancer. Ce qui représente environ, chaque année 87,6 femmes atteintes sur 100 000 femmes.
Le Cancer est la deuxième cause de décès (derrière les maladies cardiovasculaires) aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Chez ces dernières, il représente 14.7% parmi l’ensemble des décès. Avec le vieillissement de la population, le tabac, le changement des habitudes de vie, le cancer accuse une tendance à la hausse. Alors qu’en 1994, le cancer du sein était de 16 cas sur 100 000 femmes, il touche actuellement 29,4 femmes sur 100 000. Mais là où le bât blesse, c’est qu’en Tunisie le cancer du sein par exemple, est découvert à un stade tardif, avec un diamètre de 4 cm, alors qu’il ne dépasse pas les 2 dans les pays occidentaux grâce au dépistage
Détection précoce des cancers : quand faire le dépistage ?
Détection précoce ou dépistage ou diagnostic précoce. Des efforts sont faits mais il existe encore des insuffisances. Les normes internationales recommandent une détection précoce qui couvre environ 70% de la population cible. En Tunisie, pour le cancer du sein, moins de 10% des femmes à risque ont bénéficié d’un dépistage et pour le cancer du col moins de 15%.
Cancer du sein : diagnostic précoce par l’examen clinique associé à une mammographie chez les femmes à haut risque. C e sont les femmes âgées entre 40- 69 ans.
Cancer du col utérin : au moins un frottis cervical dans la vie pour les femmes âgées entre 35 et 59 ans, perspectives d’avoir un frottis tous les 5 ans
La prévention
Elle joue un rôle très important. Elle se fait à plusieurs niveaux.
Il y a ce qu’on appelle la prévention primaire qui consiste à éliminer tous les facteurs de risques susceptibles d’être cancérigènes. On citera le tabac, l’alcool, l’alimentation, les rayons solaires, les risques d’exposition professionnelle. Des actions efficaces sur ces causes pourraient permettre de réduire de façon significative l’incidence des cancers de 30% à 50%.
Les principales interventions de prévention primaire, cibleront la lutte anti tabac, la promotion d’habitudes alimentaires saines couplées à l’activité physique, la lutte contre l’exposition solaire prolongée par des actions de sensibilisation des médias et du grand public.
Une autre façon de lutter contre le cancer est la prévention primaire qui consiste à dépister, de façon plutôt précoce les cancers. Parmi ces derniers, les cancers du col et du sein sont ceux qui se prêtent le plus au dépistage précoce.
Dépistage du cancer du sein
Le dépistage par mammographie permet de réduire de 30% la mortalité par ce cancer chez les femmes âgées entre 50 et 69 ans. Or actuellement on en est à un taux de couverture de 10% : réduction uniquement de 3%.
Les méthodes de détection précoce du cancer du sein sont nombreuses, il y a l’examen clinique, l’autopalpation ou la palpation faite par des professionnels de la santé qui ont été formés spécialement pour cet acte. La mammographie est réservée en Tunisie aux cas des femmes dont
Poursuivre et multiplier les expériences pilotes de dépistage de masse par mammographie
A la lumière des résultats de ces expériences, et en fonction des moyens disponibles, envisager une extension progressive du dépistage de masse par mammographie
Dépistage du cancer du col utérin
Un frottis tous les 5 ans chez les femmes âgées entre 35 et 59 ans permettrait de réduire l’incidence du cancer du col utérin de 84%. un frottis tous les 3 ans, le réduirait de 91% et un frottis tous les ans de 93%.
Pour la prévention du cancer du col , il existe un vaccin. Mais le Coût de l’introduction de ce vaccin dépasserait les 20 000 000 DT/ an pour une efficacité de 70%. L’introduction du vaccin contre l’HPV vers l’âge de 14 ans ne dispense pas à court et à moyen terme du dépistage par le frottis cervical chez les femmes âgées entre 35 et 59 ans.
Dr Samira Rekik