Traitement par iode radio actif : aucun danger pour l’œil ?
Le traitement du cancer de la thyroïde est d’abord chirurgical, mais la résection de la tumeur est en règle complétée par une radiothérapie métabolique qui consiste en l’administration d’une dose initiale élevée d’iode 131. Compte tenu de la proximité anatomique de l’œil et de la thyroïde, il est logique de s’interroger sur le pronostic visuel des patients ainsi traités, d’autant que le cristallin est une structure radiosensible et que les doses d’iode 131 sont particulièrement élevées, de l’ordre de 3,7 GBq, soit dans les anciennes unités 100 mCi, pour donner un ordre de grandeur.
Une étude de cohorte rétrospective, réalisée à Taiwan, a recherché une association entre cette radiothérapie métabolique et le risque de chirurgie de la cataracte. Entre 1998 et 2008, un cancer de la thyroïde a été diagnostiqué chez 8 221 patients (âge moyen, 43,2 ans) qui ont tous reçu une ou des doses d’iode 131 dont la valeur médiane cumulée a été estimée à 3,7 GBq. La probabilité d’une chirurgie de la cataracte a été estimée au moyen du hazard ratio (HR) au terme d’une analyse des courbes de survie, la durée moyenne du suivi étant de 5,9 années (maximum 10 années).
Pas d’augmentation du risque de cataracte
Au total, 200 patients ont été opérés d’une cataracte au terme du suivi. Aucune relation significative n’a été mise en évidence entre cette éventualité et les doses cumulées d’iode 131, quelles que soient leur valeur. Aucune interaction significative entre ces doses et le sexe ou l’âge n’a par ailleurs été détectée.
En bref, la radiothérapie métabolique qui complète le traitement chirurgical du cancer de la thyroïde ne semble pas augmenter le risque de cataracte justiciable d’un traitement chirurgical à long terme. Même avec les doses cumulées les plus élevées d’iode 131 (> 7,4 GBq), le risque n’est pas majoré, avec un recul qui, dans cette série, a atteint jusqu’à dix ans.
Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec un bémol : des anomalies du cristallin induites par l’iode radio actif sans aller jusqu’à la chirurgie ne peuvent être exclues, a fortiori sur une période d’observation plus longue. D’autres études épidémiologiques plus fines dans leur approche du problème sont à l’évidence nécessaires pour exclure toute toxicité de ce traitement vis-à-vis du cristallin.
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