Coronavirus:L’Afrique doit se réveiller et se préparer au pire, Tedros Ghebreyesus

Pourquoi faut-il se préparer au pire ? Parce que la plupart des pays manquent de médicaments et d’équipements de protection. Parce qu’ils ont un déficit criant d’appareils tels que les concentrateurs d’oxygène ou les appareils de respiration mécanique, nécessaires pour traiter les cas sévères. Dans la plupart des structures hospitalières africaines, la capacité d’accueil est très limitée dans les services des soins intensifs, rappelle le docteur Michel Yao, responsable des opérations d’urgence de l’OMS en Afrique.

« Il n’y a pas d’eau pour se laver les mains »

Le cas du système hospitalier zimbabwéen illustre bien les propos du directeur général de l’OMS. Dans les hôpitaux de ce pays, qui a décreté l’état de désastre naturel le 16 mars, le personnel hospitalier avoue son impuissance face à une catastrophe annoncée. « Nous ne sommes pas prêts. Nous manquons de tout, personnel, médicament et équipement », s’inquiète un médecin au micro de RFI. Son établissement ne dispose que de 300 masques et compte à peine trois lits en réanimation, qui sont déjà occupés.

Les autorités disent « lavez-vous les mains », mais il n’y a pas d’eau. Si vous tombez très malades, vous allez mourir, car nous n’avons pas les moyens de vous soignerUn médecin zimbabwéenà RFI

Les médecins du Zimbabwe ne sont pas les seuls à exprimer leur détresse. Excepté quelques rares pays comme l’Afrique du Sud et les pays du Maghreb à l’instar du Maroc, la majorité des pays africains au sud du Sahara sont logés à la même enseigne. Leurs systèmes de santé sont totalement désarmés face à la crise sanitaire majeure qui se profile.

La combinaison explosive entre « épidémie et conflits »

Les plus pessimistes comparent l’actuelle crise sanitaire à « une bombe prête à exploser » sur un continent déjà fragilisé, non seulement par des systèmes de santé inopérants, mais aussi par l’insécurité qui perdure dans certains pays.

La combinaison entre « épidémie et conflit » pourrait donc faire des ravages, notamment dans la région sahélienne où les attaques terroristes poussent les personnels de santé à abandonner leurs postes dans les zones rurales. Ce qui se traduit par la fermeture de nombreux centres de santé. Comme le rappelle le site Financing Health in Africa, au Burkina Faso, les terroristes n’hésitent pas à cibler des ambulances. Des attaques qui empêchent les évacuations des malades dans certaines localités du pays. Comment dès lors organiser la riposte face au coronavirus dans une région sahélienne livrée aux jihadistes ?

Les spécialistes sont unanimes : le salut pour l’Afrique réside aujourd’hui dans le renforcement des mesures de prévention. Il faut éviter par tous les moyens la propagation du coronavirus dans les communautés, en intensifiant la campagne d’informations sur le respect indispensable des consignes données au grand public. Parmi les recommandations faites aux gouvernements africains, l’Organisation mondiale de la Santé insiste sur la détection rapide des cas de coronavirus et la mise en isolement tout aussi rapide des personnes touchées.

Dans un continent où les familles vivant en zones urbaines sont nombreuses à vivre dans la promiscuité, l’OMS appelle les Etats africains à repenser « les règles de distanciation sociale » pour éviter au maximum les contacts humains et le risque de propagation de la maladie. Quant aux populations qui ne disposent pas d’eau courante pour se laver les mains, la proposition et l’utilisation des gels hydro-alcooliques devront être fortement encouragées, de même que l’usage des masques, là où cela s’avère nécessaire. « Nous sommes consients des défis qui se présentent, mais nous devons absolument innover pour y faire face », a déclaré le docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, au cours d’une conférence de presse tenue le 19 mars.

Source:https://www.francetvinfo.fr/

 

 

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