Tunisie:  Alerte aux antibiotiques dans les viandes

Chapeau à l’Organisation tunisienne de Défense du Consommateurs (ODC) qui vient d’alerter   sur un sujet  à la fois grave  et tabou en Tunisie,  celui des viandes  contenant des  résidus d’antibiotiques.  L’ODC a appelé  les ministères de la Santé et de l’Agriculture à élaborer des lois qui protègeraient les consommateurs contre la présence de résidus d’antibiotiques dans les viandes et les produits d’origine animale.

Lors d’une manifestation organisée par ODC, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale des droits des consommateurs, le président de l’Organisation, Monsieur  Slim Saâdallah a  révélé que des  résidus d’antibiotiques ont  été détectés dans les viandes, le lait, les œufs et les fromages vendus sur les étals des marchés anarchiques et parallèles. De son côté Monsieur Ahmed Riadh Kamoun, responsable à la direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement au ministère de la santé publique, a fait savoir, à l’agence TAP, qu’effectivement  des dépassements à ce propos, ont été enregistrés au cours de la dernière période et que ce phénomène représente  un grand danger pour la santé du consommateur tunisien.

 

Des antibiotiques dans les produits alimentaires d’origine animale, en Tunisie

L’ODC a demandé l’interdiction de vente de viande provenant d’animaux traités par des antibiotiques. Il ne s’agit plus de marché parallèles. En fait ce que réclame l’organisation de défense du consommateur c’est de faire plus de contrôle lors de l’abatage des animaux, car en théorie l’abatage des animaux malades est interdit. Les animaux tombent malades, et on les soigne de la même manière qu’on soignerait des hommes, par des médicaments, particulièrement par  des antibiotiques. Bien sur on ne peut pas laisser mourir ses animaux,  pour des raisons éthiques et pour des raisons commerciales. Lorsque l’animal est guéri on peut l’amener à l’abattoir, mais sa viande  gardera des traces d’antibiotiques, que nous retrouverons dans notre assiette, et tout le danger est là.  Ce phénomène a été évoqué par Madame Rana Ghiloufi, spécialiste de la sécurité alimentaire et de la qualité à l’Institut Pasteur de Tunis,   lors de la célébration de la journée mondiale du droit  consommateur. Elle  a bien précisé que les substances animales, œufs, viande blanche et rouge, issus d’animaux traités à l’antibiotique représentent un danger grave pour la santé du consommateur, allant  de l’allergie au décès, en passant par plusieurs maladies comme le cancer ou les maladies cardiaques.  « L’animal malade et traité à l’antibiotique ne devrait pas être consommé avant la fin du traitement » a-t-elle spécifié.

L’aubaine  des antibiotiques dans l’élevage animal

Dans les élevages, les antibiotiques ont trois usages : curatif, préventif et additif. Ils servent tout d’abord à soigner les animaux malades, ils sont prescrits par un vétérinaire ( en théorie). Ensuite, les antibiotiques sont utilisés de façon préventive. Lorsque dans un élevage quelques animaux meurent d’une infection bactérienne contagieuse, le vétérinaire traite tous les autres animaux aux antibiotiques. Enfin, et c’est là tout le  problème, des antibiotiques sont ajoutés en doses très faibles aux aliments des animaux sains. Ce sont des additifs alimentaires, utilisés comme facteurs de croissance. En Tunisie tous nos éleveurs d’animaux le savent. Les  antibiotiques sont mélangés à l’alimentation, simplement pour booster la croissance des animaux.  Ces additifs sont des produits miracle: les animaux qui en reçoivent ont besoin de manger moins pour produire autant. Selon les experts   « l’indice de consommation s’améliore de 3 à 12 %   et le gain moyen quotidien de croissance  augmente de 3 à 9 % ». C’est une aubaine pour les éleveurs qui y  gagnent gros  au niveau financier. Résultat de cet avantage, les animaux d’élevage se voient administrer des antibiotiques de façon automatique. Mais cette pratique  n’est pas sans conséquence pour les consommateurs de viande.

 

Conséquences de l’antibiothérapie vétérinaire sur la santé humaine

Les bactéries des animaux, comme celles des hommes, apprennent à résister aux antibiotiques. Le danger réel  existe à partir du moment où les gènes de résistance peuvent passer des animaux aux hommes. Or ce passage est pratiquement démontré dans le cas de la résistance à une certaine catégorie d’antibiotiques.

On sait aussi que des bactéries présentes dans la viande ou les oeufs peuvent survivre à la cuisson et parvenir jusqu’à notre tube digestif. Elles y survivront quelque temps, puis s’y développeront  et c’est  l’origine des infections alimentaire. Une fois en contact avec les autres bactéries du tube digestif, elles peuvent leur transmettre le gène de résistance.

Cette très forte consommation d’antibiotiques par les animaux d’élevage est donc, entre autres raisons, à l’origine des phénomènes de résistance aux antibiotiques chez l’animal et chez l’homme. Qu’ils soient liés à un usage chez l’homme ou chez l’animal, l’apparition de « ces microbes « ultra résistants » pratiquement intraitables coûtent la vie à des  centaines de milliers de personnes  chaque années dans le monde.

Tunisie : importance et nécessité de  la détection des résidus d’antibiotiques

L’Organisation de Défense du Consommateur est dans son rôle quand elle exige une loi  pour la détection des résidus d’antibiotiques dans les produits d’origine animale. L’importance est majeure et double, à l fois sur le plan sanitaire et économique.

Sur le plan sanitaire, comme nous l’avons vu,  es résidus d’antibiotiques présentent plusieurs  risques pour la santé : allergies, toxicité, résistance bactérienne. Leur détection est capitale pour la sécurité alimentaire.

Sur le plan économique, si  la Tunisie veut occuper une place d’exportateur de produits d’élevage vers d’autre pays, elle est tenue d’assurer la qualité de ses produits et la sécurité sanitaire des  consommateurs, d’où la nécessité de développer et de mettre en place toute la législation nécessaire pour le dépistage et la détection des résidus d’antibiotiques dans les produits d’origine animale.

 

Samira Rekik-Africaine-santé

 

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